Golden Ticket

Black Snake, Thomas Ngijol et les sapeurs

BLACK SNAKE

Sapeurs sapés sachant vous épater !

Pour bien commencer cette année on vous recommande l’excellent Black Snake (le 20 février au cinéma) réalisé par le couple Thomas Ngijol et Karole Rocher ! Une comédie déjantée et colorée, qui vous fera voyager aux côtés d’un héros masqué et ultra-sapé. 

Sapeur masqué et vengeur sapé

C’est l’histoire de Clotaire Sangala (Thomas Ngijol), qui revenait au pays, sans savoir que rapidement, il devrait le sauver ! Heureusement, il a son maître d’arts martiaux pour le remettre sur le droit chemin, un style d’enfer pour faire face à toute situation, et un serpent pour lui redonner du mordant. Porté par ses nouveaux super-pouvoirs et par l’élan de tout un peuple, il va devoir surmonter sa maladresse et ses plus grandes peurs – dont celle des responsabilités – pour devenir Black Snake, le super-héros inattendu dont vous allez adorer suivre dans le parcours initiatique.

Les villageois acclamant le Black Snake

Tous derrière le Black Snake, au style impeccable et à la force imbattable – (c) JABULILE PEARL HLANZE

Les sapeurs et la sapologie

Dans ce film, le couple de réalisateurs Thomas Ngijol et Karole Rocher nous fait découvrir un mouvement stylistique sans pareil, qui s’est développé au Congo en parallèle du dandysme européen du XIXème siècle, avant de se populariser dans les années 60 et d’exploser dans les années 80 ! 

Le principe consiste à pousser l’élégance masculine à l’extrême, avec des costumes, des chemises et des cravates aux couleurs très vives et très tranchées, complétés d’accessoires chics, le tout porté avec une assurance bien affirmée.

Pour certains, il s’agit simplement d’un art de vivre plutôt très sophistiqué, pour d’autres, c’est presque une raison de vivre, une religion : la sapologie. Dans ce cas, les sapeurs dépensent une très grande partie de leurs revenus pour toujours améliorer leur garde-robe et leur style, défiant d’autres sapeurs dans une compétition en continue. Les sapeurs les plus exigeants devenant même des personnages, avec leurs pseudos ou leurs noms de scène, comme un double extravagant qui attire la lumière, et dont le style force l’admiration

Les sapeurs du film Black Snake arrivent en ville

Les sapeurs arrivent en ville – Black Snake – (c) JABULILE PEARL HLANZE

Black Snake est-il un sapeur ?

Si les sapeurs se défient régulièrement dans des concours d’élégance, rien d’étonnant à ce que le combat entre les rivaux du film Black Snake se déroule aussi sur le terrain du style. Clotaire Sangala arrive en parisien, avant que sa garde-robe reprenne des couleurs (et des motifs) au fur et à mesure qu’il s’affirme et prend de l’assurance dans le film.

Devenir vu et reconnu, défier l’ordre établi, attirer l’attention sur soi en étant plus flamboyant que les puissants eux-mêmes, telles était aussi les origines du mouvement de la SAPE (pour Societé des Ambianceurs et des Personnes Elégantes), comme l’explique très bien Manuel Charpy, historien et chercheur au CNRS, dans cette excellente émission sur France Culture : Une histoire de la sapologie africaine. En un mot : c’est le style comme forme d’insoumission, c’est s’affirmer alors que le pouvoir incite à la discrétion, c’est dire aux colonisateurs et aux dictateurs de tous poils que l’homme de la rue peut lui aussi sortir ses griffes ! 😉

Alors bien entendu, entre le dictateur Ézéchias et Black Snake, c’est aussi un concours d’intimidation. Même complètement revêtu de noir, ce super-héros africain n’a pas les collants d’un super-man, mais bien un costume impeccable, et une démarche d’acier : 

Black Snake au combat ! Dans son superbe costume noir !

Black Snake : imbattable et inimitable (c) JABULILE-PEARL-HLANZE

Indéniablement, c’est un sapeur, nous oserions même l’appeler le sapeur-masqué ! Parce qu’il ne s’agit pas que de couleurs criardes ou des motifs exubérants. Plus encore qu’à son accoutrement, un bon sapeur se reconnait à son attitude et à son assurance, comme si le monde était à sa portée et comme si tout le monde l’attendait. Et cela tombe bien : tout un peuple a vraiment besoin de lui – vous verrez, il a quelques hésitations aux début du film, mais une fois qu’il est bien rôdé, rien ne pourra l’arrêter.

Sapeur : Quel est le dress code ?

Ouh la la la la, loin de nous l’idée de vous dire qu’est-ce qui différencie un bon sapeur d’un mauvais sapeur, comme dirait l’autre ! Parce qu’un bon sapeur, et bien il est bien sapé, mais il a aussi l’élégance naturelle et les attitudes sophistiquées qui vont avec.

Et puis c’est aussi un dénicheur, qui a trouvé (ou fait faire) des costumes que personne n’avait encore imaginés (ou portés). C’est donc un savant mélange de goût, de culture et de panache, qui demande des années d’expérience avant d’être maîtrisé.

Quelques indices cependant :

  • Aimer la couleur : en mettant un peu de côté le bleu Celio et le gris Jules. Par la couleur, on célèbre sa vie et sa liberté, on choisit aussi de se démarquer ! Donc oui, aimer la couleur.
  • Aimer sans compter : l’idée est même de combiner deux à trois couleurs vives, à l’aide des différents habits et accessoires, pour créer une harmonie assez unique, inimitable.
  • Mixer : carreaux, rayures, motifs traditionnels africains, on peut tout mixer, c’est périlleux, mais on est encouragé à prendre ce risque pour faire encore plus d’effet.
  • Soigner ses accessoires : chaussure impeccablement lustrées (d’autant qu’elles peuvent elles aussi être colorées, ou blanches), ceintures et montre un tantinet brillantes, foulard, mouchoir de poche, bretelles, cravate, tout est prétexte à créer un style unique, même un canne ou un noeud pap’ !
  • Oser : le but du jeu est de s’affirmer, donc rien ne sert de copier ou de suivre un guide, du moment que tout est bien taillé, et qu’à vos yeux l’harmonie est trouvée, alors c’est gagné !

Encore une fois, il y aurait bien plus à dire sur cette véritable culture stylistique, qui est plus que centenaire, mais nous voulions ici vous en donner un simple avant-goût passionné en plein cœur de l’hiver ! Pour aller plus loin, voici quelques super articles ou reportages :

  • Un dossier 20 Minutes dans lequel un expert nous explique qu’il faut « faire chanter les couleurs »
  • Un revue de l’actualité du mouvement SAPE avec Samba Sisters
  • Et une belle vidéo pointue et déjanté (comme toujours) sur Tracks d’Arte

Et si vous avez d’autres références à partager, n’hésitez pas à nous les poster en commentaire.

En mot de la fin, on ne résiste pas à l’envie de partager avec vous la BA de Black Snake (le 20 février au cinéma) en mode cinémascope et sous-titrée, même si vous garantit pas mal d’ambiance aussi : 

A très vite pour plus d’exclus sur le film, et pour le Golden Ticket qui lui sera dédié ! 

Blacksnakement vôtre,

Céleste pour la team Barbier 

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